lundi 4 mai 2009

Être là.

Un truc me taraude. Comment les gens peuvent-ils passer tant de temps sur Twitter -qui n'est qu'une incessante mise à jour de statuts Facebook ?

Je suis un peu conne de poser la question car :
-je ne compte pas y répondre ce soir,
-je n'utilise pas Twitter, en raison de mon comportement addictif à tout ce que je touche. N'arrivant pas à me rationner, Facebook, Netvibes, Gmail, AIM et Skype sont déjà bien trop chronophages.

Je ne vais pas jurer que je n'y toucherai jamais, je n'étais pas vraiment emballée par le statut Facebook au début mais on finit par s'y mettre. On signifie notre présence, on crie "je suis là, les deux pieds dans la place".
Et il faut l'admettre, cette sottise produit quand même des enchaînements de mots qui donnent ou redonnent le sourire. Voici un petit début de collection:











Le meilleur pour la fin, un peu embarassant mais tellement direct :

2 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est étrange je partage également ce sentiment.
Il est vrai que j'ai des pré-dispositions, je suis scotché par tout image animée, comme un moustique devant la télé. En fait j'y crois à ces trucs, je suis "obligé" de regarder ce flux que l'on me donne. Car j'ai l'impression qu'on me le donne pour moi.
Car il me manque aussi. Comme ce sentiment qui était né avec le premier Loft Story en France ou Jenny.com (une fille pionnière qui se filmait 24h/24 avec ses web cam).
Si tu ne regarde pas, tu as l'impression de louper quelque chose. Et naît cette peur de "louper", de rater l'occasion, la sensation.
Car j'y crois, je me dis, à chaque seconde, que dans la prochaine seconde se produira peut être quelque chose d'exceptionnel, que je ne connais pas, que je n'imagine pas. Quelque chose dont seule une altérité Autre est capable.

Je ne suis donc pas non plus sur Twitter. J'ai déconnecté le chat de Facebook. Je n'utilise ni Skype ni Msn.
Car sinon je serait addict.
Car l'ensemble de tout cela, animé par mes proches, mes amis, mes connaissance, c'est un peu la chaîne de ma vie.
Mon flux.

J'ai peur de loupé quelque chose, j'y vais tout le temps pour "checker". J'y perds mon temps.

Je le perds car je me trompe moi même.
On ne peut pas être spectateur de sa vie.
Le problème ne doit pas se posé en temps que récepteur.
Car dans ces relations (a nuancer pour les skype et AIM ou le dialogue ne s'engage que sur invitation pressante) il n'y a pas de destinataires.

Etre là, pour qui? être obligé de crée une myriade de "listes d’amis » pour cibler mon message ?
Non en fait c’est un peu du flou tout ça.
Je mets un statut, en espérant toujours au fond de moi que cela va faire réagir quelqu’un, mais je n’imagine à aucun moment comment l’ensemble de mes contacts va l’interpréter. Je ne pense même pas à qui va le lire.
J’aurai tendance à dire que je m’en fout.

C’est une ère du gratuit et de la déresponsabilisation : écrire un statut, un commentaire, ne m’engage pas auprès de tout mon auditoire. Prendrons note ceux qui sont visés ou le veulent, me dis-je sans doute.
Quelle légitimité même ai-je à me répandre ainsi auprès de plus de 150 personnes-amis ?
Le souci est peut être qu’au bout d’un moment on risque de saturé, quelqu’un nous agace sans même en avoir conscience par un flot de publication plus anodine et mièvre les une que les autre. On le « hide », on l’exclut, alors qu’il ne nous a rien fait personnellement.
L’intimité se dissout avec l’absence de pudeur simplement parce qu’il nous devient impossible de savoir à qui l’on parle.
Parle-t-on à quelqu’un ?
Est-ce qu’il a mit ce statut pour moi ?

Twitter et Facebook sont un peu des grands gymnases plongés dans le noir où on sait jamais vraiment qui est présent à plus de 3 mètre de soi, où on ne voit rien, et on crie en disant : Ici ! J’ai faim ! Je veux de l’attention ! Je viens vous étaler mon bonheur/ ma tristesse !.
Reste l’écriture.
On écrit pour être publié et lu.
C’est incérant à l’acte.
Quand bien même pour soit. Pour laisser une trace de sa pensée et pouvoir y retourner, la mettre en perspective, la prolonger.

Avant, Anne Frank cachait sa pudeur, son honneur, son intime, ce qu’elle avait de précieux en elle dans un petit carnet dont l’écriture était longue, avec des ratures, des efforts pour y coucher sa pensée avec application.
Et elle la protégeait avec une serrures dorée et une couverture en cuir.

Aujourd’hui nos carnets du non-intime sont lumineux, on y tappe sans y faire attention à l’orthographe, on s’adresse à la fois à nous même, à nos amis, et également à une foule d’anonymes. On ne sait plus à qui l’on confie sa pudeur et son intime.
Ce n’est même pas grave car on ne laisse pas de traces, les « older post » meurent et sont « deleted ». On ne revient pas sur ses idées et humeurs passées. On regarde sa chaîne, mais nous sommes incapable de faire notre histoire faute de documents qui restent.

Au fond ce qu’il y a de plus beau la dedans, ces Twitter et Statuts, c’est l’Espoir. L’espoir que l’on va être entendu. L’espoir que l’on va être lu. Et même, si on a de la chance, que l’on va déclencher une réaction (comprendre ici un commentaire) de la part de quelqu’un qui nous et cher.
Et ça, ça veut bien dire qu’il m’aime et qu’il pense à moi.
Mais s’il ne dit rien ? est-ce de l’indifférence ? ou bien peut être n’a-t-il pas pu se connecter à internet, se logger, lire ses request, ses inbox, ses mails, sur ses trois boites et sa page perso, ou même peut être qu’il y a eu trop de post sur son news feed et qu’il n’a pas vu le mien.
Mais j’espère que grâce à cette technologie tout sera plus facile.
Et qu’on m’entendra.
Et qu’on m’écoutera.

Si l’on accorde à André Malraux cette phrase : « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas. », alors il faut la nuancer.
La technologie sera religieuse ou ne sera pas.
Avant on parlait au Grand Mystère dans des églises, des temples ou autres.
Maintenant la Toile est le grand mystère à qui je parle sans forcement attendre de réponse.
Parler sans réponse est-ce parler ?
Est-ce prier ?
C’est vivre, dirait Samuel Beckett.

Chloé a dit…

Merci pour ton com Anonyme (qui es-tu?)

Je partage la plupart de tes remarques mais je ne pense pas qu'il n'y ait pas de destinataires. Le destinataire c'est à la fois soi-même et les autres, pris comme un grand tout. C'est une logique très ambigüe de la connexion sociale. Etre là, se sentir connecté. Cette relation étrange s’établit par le truchement du medium plus que du contenu, un peu à l'image d'un rapport médiologique à la Debray. Ou ce bon vieux « McLuhanisme » «the medium is the message».

Un lien sur la question du statut Facebook:
http://www.nytimes.com/2009/02/15/magazine/15wwln-medium-t.html?_r=1