samedi 6 juin 2009

Hipsters et révolte consommée

Ce weekend, c'est la fête du mémoire chez Chloé, célébration bien méritée après une période interminable de procrastination.

J'analyse les hipsters. Les hipsters sont la marque d'une révolte consommée. La contre-culture ne peut exister dans l'ère postmoderniste où la posture singulière, la différence et l'apparent rejet viennent toujours alimenter le système capitaliste. La distinction de la "masse", l'envie de se sentir unique et meilleur, quoi de plus récurrent dans nos stratégies marketing ?

D'ailleurs, les hispters ne se réclament pas d'un quelconque mouvement politique. Le degré 0 de la revendication. Leur identité collective se définit par ce qu'ils consomment et la façon dont ils le consomment.

Mon pote Baptiste m'a laissé un com' sur cet essai de Joseph Heath et Andrew Potter, Révolte consommée : Le mythe de la contre-culture, suite à un post où je me plaignais du street art transformé en caution cool et packagé en produit dérivé.

Extrait de la chronique fluctuat.net :

Quand j'avais seize ans, j'ai réussi à convaincre mes parents de m'acheter une paire de Doc Martens, 500 balles à l'époque. J'écoutais les Pixies et My bloody Valentine (oui oui je suis moins jeune que vous) et j'y trouvais à exprimer une radicalité nouvelle et grisante : les autres, étaient tous des glands qui portaient des derby Eram à 120 francs et écoutaient de la daube. Je me souviens d'une certaine Audrey dont je me suis moqué cent fois avec ses fringues de ringarde et sa musique de blaireau.

Bien sûr j'évitais de remarquer que tout le monde portait (ou voulait porter) des Docs et que certains groupes que j'écoutais n'avaient de subversif que le nom, les plus radicaux d'entre eux étaient surtout parfaitement inaudibles (Current 93), d'ailleurs je ne les écoutais pas vraiment.

Les fringues coûtaient de plus en plus chers et les moutons de la masse que je maudissais étaient surtout des gens qui n'avaient plus les moyens de suivre parce que les connards comme moi surenchérissaient. Le système, la masse, c'étaient les ennemis ; moyennant quoi j'ai dis beaucoup de conneries, renié une partie de mes origines prolos et pas changé grand-chose à pas grand-chose. Dans Révolte consommée, un des plus passionnants essais du moment, Joseph Heath et Andrew Potter démontent brillamment ce mythe de la pseudo-contestation.

La suite ici.


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