jeudi 13 novembre 2008

Un samedi à fontainebleau : bienvenue chez les grimpeurs...

Samedi dernier je suis allée me balader du côté de Fontainebleau.
La forêt de Fontainebleau, petit rappel historico-artistique, ce fut d'abord "l'atelier grandeur nature" des impressionnistes. Et on comprend aisément pourquoi quand on y va.
Ces gens-là avaient bon goût.

Vous vous souvenez du
Déjeuner sur l'herbe de Manet ?


Cette toile, très soft par rapport à la dernière apparition des Pussycat dolls, a quand même été LE scandale du Salon des Refusés de 1863.
Certains diront qu'elle a été réalisée à Fontainebleau, d'autres y verront une représentation de la prostitution du Bois de Boulogne...Bref, le débat, au combien profond, des spécialistes de la spécialité est loin d'être clôt.

Samedi dernier, à cette image féérique de Fontainebleau, faite de nudité et de liberté, est venue se superposer une toute autre image, celle des "blocs". Le bloc est une des disciplines de l'escalade et Fontainebleau est aujourd'hui mondialement connu pour ça. En gros, au lieu de grimper encordé le long d'une paroi assez longue, on escalade des rochers qui, moins hauts, permettent de ne pas être assuré.

Le spot le plus célèbre, s'appelle le
Cul du chien. Pourquoi ? La réponse en image :


Et autour de ce bloc en forme de chien, les grimpeurs sont là, décontractés mais attentifs. Comme toute communauté, les "escaladeurs" sont régis par des codes.

D'abord, les règles imposées.



Vous voyez la petite flèche bleue, elle indique le niveau de difficultés. Bleu c'est déjà dur. Ces signaux colorés forment ensuite des parcours que certains prennent à la cool alors que d'autres, armés de leur topos, les suivent à la lettre.

Ensuite, les codes informels.

Attitude et comportement
L'attitude est bon enfant, la discipline pousse à l'échange avec ses pairs, pour savoir comment franchir tel ou tel bloc. Et puis c'est plus sympa de grimper à plusieurs. Sur les forums spécialisés, beaucoup cherchent des partenaires de grimpe. Le grimpeur a donc un penchant grégaire tout en recherchant sa performance personnelle.

Au niveau du rapport entre les sexes, les hommes veillent sur les femmes (36 % des licenciés en 2003, d'après l'INSEE). Le moindre effort, la moindre réussite d'une représentante de la gente féminine, et c'est une pluie d'éloges qui s'abat. Un relent de machisme assez agréable, je dois dire.

Langage
Comme pour tous les sports, les initiés ont leur jargon. On ne réussit pas une voie "on la sort", ou "on l'enchaine". D'ailleurs on ne dit pas "Fontainebleau", on dit "Bleau". Enfin, il en existe plein d'autres que je n'ai pas retenues (http://sportals.ifrance.com/escalade/esc_lex.htm)...

Apparat
Le matériel se compose pour l'essentiel de chaussons d'escalade qui ruinent les pieds, d'un crash pad, une espèce de matelas carré qu'on trimbale de blocs en blocs pour amortir une éventuelle chute, et de magnesi, la poudre blanche qui empêche de glisser.
Certains font du zèle par rapport à ce set basique. A "Bleau", le sable colle sous les chaussons et peut gêner l'ascension. Qu'à cela ne tienne, paillassons, balayettes et même brosses à dents sont là pour nous sauver !

A l'orée du bois, un "point de vente ambulant" répare les chaussons et vent du "matos".


La tenue vestimentaire est assez simple. Le style est celui du plein air.


Si le premier critère retenu est l'aspect pratique, les adeptes ont aussi leurs marques. En tendant un peu l'oreille, j'ai suivi une longue conversation entre grimpeuses, autour de la différence entre les coupes des fourrures polaires de telle ou telle marque.

Suite à cette discussion, ajoutée à ma vision du camion ambulant, je me suis dis que oui, comme pour tout, l'escalade c'est aussi une demande et une offre.
Ca m'a rappelé mon prof d'éco à l'IEP de Lyon, Monsieur Abdelmalki. Il disait sans cesse "l'économie, c'est la vie. L'air que nous respirons, c'est de l'économie".
L'air de "Bleau" aussi Monsieur Abdelmalki ?


Aucun commentaire: